Et si la métaphore était l’hypothèse universelle la plus féconde,
. . si la poésie était science, et la science, une poésie,

si les forces physiques, l’élan vital, le désir de se construire,
. . l’envie de connaître, la finalité des outils,
. . l’esprit d’entreprise, l’esprit de corps
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les ondulations célestes, les mouvements browniens,
. . les circulations sanguines, les émotions,
. . les courants intellectuels, les allers et retours du vilebrequin,
. . les flux monétaires, les brassages sociaux
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les luttes pression-chaleur, les combats de la fièvre,
. . les disputes, les discussions, les enjeux techniques,
. . les concurrences, les guerres
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les accaparements d’électrons, l’alimentation,
. . les nourritures du cœur, de l’esprit, les carburants,
. . les importations, les immigrations
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les émissions gamma, les dépenses du corps,
. . les épanchements, les discours, les effets des machines,
. . les expéditions des usines, les émigrations
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les vacillements, les maladies, les folies, les idioties,
. . les pannes, les crises économiques, les malaises sociaux
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les équilibrages, les mises en forme, les guérisons mentales,
. . les rectifications de jugement, les réparations,
. . les reprises économiques, les réformes politiques
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les désintégrations atomiques, les décompositions des vivants,
. . les morts dans l’âme, les décrépitudes des théories,
. . les naufrages, les faillites, les dislocations d’Etats
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les combinaisons chimiques, les unions de gamètes,
. . les formations d’une personnalité, les synthèses intellectuelles,
. . les fabrications d’engins, les créations d’entreprise,
. . les fondations d’associations
. . n’étaient qu’une seule et même chose,
si les propriétés chimiques, les caractéristiques physiologiques,
. . les caractères des individus, les qualités intellectuelles,
. . les possibilités techniques, les contrats, les régimes
. . n’étaient qu’une seule et même chose,

et si, enfin, toutes ces entités, qui parsèment l’univers,
. . n’étaient que de seules et mêmes sortes de choses … .

Déjà, du reste, vers les - 350, Aristote ne considérait-il pas tout
. . comme une potentialité de, il est vrai, grossière erreur, l’Acte pur ?
Vers les 1830, Alphonse de Lamartine, dans "Les harmonies", à "Milly", 15-16, ne demandait-il pas
. . "Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ?" ?
Vers les 1853, Gérard de Nerval, dans "Les petits châteaux de Bohème", 3, ne déclarait-il pas
. . "Homme, libre penseur, te crois-tu seul pensant dans ce monde où la vie éclate en toutes choses ?
. . . . Respecte dans la bête un esprit agissant.
. . . . Chaque fleur est une âme à la nature éclose.
. . . . un mystère d’amour dans le métal repose.
. . . . Tout est sensible et tout sur ton être est puissant." ?
Et, en ce 31 mai 2012, dans une interview du Suddeutsche Zeitung,
Mme Carolyn Christov-Bagargiev, directrice de l’exposition d’art Documenta de Kassel,
. . de, semble-t-il, bien confirmer tout cela.

Cependant, en tout ceci, nous devons tout de même distinguer ce qui concerne,
. . d’une part, les êtres physiques, somatiques ou sociaux
. . ou, d’autre part,
. . . . ou leurs caractéristiques mathématiques
. . . . ou leurs activités psychiques, sensorielles ou intellectuelles
. . . . ou, enfin, tout ce qu’invente
. . . . . . le système endocrinien, l’anatomico-physiologique
. . . . . . ou le système nerveux, le technico-économique.